La feuille (pour les bibliothécaires bibliophages)

– L'ORAL CONCOURS BIBLIOTHECAIRE TERRITORIALE 24 heures Chrono

Est-ce qu'un conservateur, ça porte un maillot adidas ?

Hier, je me rends à Sainte Tulle pour passer mon entretien d'admission au concours de bibliothécaire qui a lieu ce matin.Le lieu de convocation est en même temps centre d'hébergement. Un concours que je prépare depuis un an et demi.

C'est une expédition ce Lille Sainte Tulle !

Tgv Lille- Aix puis une navette d'Aix TGV pour Aix centre ville pour enfin prendre un car jusque Sainte Tulle. Le voyage doit me durer 6 h 30. Jusque la gare routière tout se passe bien.

Mais arrivée là, tout, soudain, devient compliqué : la gare routière n'est en fait que deux avenues qui se font face.

Les bus arrivent toutes les 3/4 minutes, se garent où ils peuvent, montent sur les trottoirs pour chasser les gens.

A mes dépens je découvre hier soir qu'en fait les bus passent quand ils veulent. Dommage pour moi, je commence à fatiguer, la nuit tombe et j'ai froid : cela fait une heure que j'attends.Il est 18 h.

Finalement j'ose sortir d'une file d'attente que je m'étais assignée à défaut de signalisation et entre à l'accueil de la gare routière (préfabriqué sale).

Là om me donne les horaires et les lignes de bus : horreur ! Ceux que j'ai téléchargés sur internet ont été modifiés, la ligne rallongée, du coup la destination n'est plus Manosque mais Forcalquier. L'hôtesse d'accueil me dit « quai 5 dans 10 minutes ».

Là je vois des gens, habitués au retard ,qui me disent qu'effectivement le bus n'est pas passé (ah bon ! mais c'est pas grave chez vous ? Y'a pas des mères qui doivent récupérer un enfant à l'école, voir un parent avant que la nuit ne tombe ?) et là le bus arrive... « Digne les Bains » et une autre ligne indiquée sur le toit.

«Mais vous allez bien à Manosque ? »

« oui »

Bon, je veux prendre un ticket et là, horreur, ça ne l'arrange pas, le chauffeur, que je veuille un ticket (tout le monde a ici des pass) alors il me le dit ; moi, je lui réponds que ça fait une heure que j'attends un bus pour Manosque et qu'en plus la ligne 18 n'est même pas référencée pour Manosque...Du coup il me laisse monter et là me dit avec aplomb « 10 euros ».

Je sais que c'est 6,60 : c'est sur internet (bon d'accord c'est pas la bible) et surtout sur la plaquette que j'ai dans la main.

Je lui donne 10 et je ne BOUGE pas (Ne bouge pas Odile !) : il me tend la monnaie avec regret..

Ce n'est pas tout : bouchons pendant une heure à Aix puis les petits arrêts bucoliques sauf que c'est pas bucolique du tout : on dépose les gens au bord de la route, dans un noir total et on s'en va..

Je commence à avoir peur..et si je devais me taper 4 kms à pied dans le noir après …

Effectivement quand je descends du bus, suis un peu paumée, à un rond point …

Allez, Odile, prends la direction du Centre ville (j'avais regardé sur google maps)..après 45 minutes, le long d'une route que j'ai à me partager avec les camions, motos (pas de trottoir, noir total, j'ai failli me jeter dans le fossé plusieurs fois) j'arrive enfin à l'hôtel, 5 minutes avant la fermeture du self service où je dîne en compagnie d'une trentaine de sportifs (c'est un centre de sportifs). De quoi me requinquer ? Eh ben non, j'ai peur de m'étrangler et que dans la masse des sportifs il y ait un ou deux conservateurs en train de m'observer...

Est-ce qu'un conservateur, ça porte un maillot adidas ? Est-ce qu'un administratif viendrait en baskets ? Voilà toutes les questions nazes que je me pose en avalant ma salade...(ça fait mieux qu'une dose de frites).

Billet d'humeur :

Comment faire pour motiver un magasinier déprimé ?

Ce matin : et hop, ça recommence...

Quiproquo : après la préparation du texte, je suis amenée face à un jury qui n'est pas le mien...

J'ai juste eu le temps d'exposer la thématique « l'égalité homme / femme dans la sphère de l'intime » et là on me dit « quel texte avez-vous ? » et le jury se rend compte de l'erreur.

Là, on doit donc interrompre Katia qui est dans la salle d'à côté, qui vient de finir son commentaire en face d'un jury qui n'a pas bronché quand elle a parlé du nucléaire...Un jury discipliné qui ne s'est pas rendu compte qu'elle était externe, qu'elle avait un texte destiné aux externes et qu'elle ne s'appelait pas ce qu'elle devait...

Bref, me voilà amenée devant mon deuxième jury (qui m'a l'air plus sympathique).

Je tiens le commentaire de texte pendant 8 mn et demi : pas de quoi casser 4 pattes à un canard, plan bateau, j'ai noté dans un coin des trucs importants au cas où on me poserait des questions (en extrapolant) mais je n'ai pas ce genre de questions mais bel et bien 10 minutes sur l'égalité homme femme dans les collectivités, la parité au niveau européen...les professions dites féminines....(là je me plante en incluant les professeurs des écoles : le supposé-de-ma-part-conservateur me dit « il faut relire vos classiques, le professeur a été longtemps un homme » et là le supposé-administratif prend ma défense en disant « mais elle est jeune, elle n'a pas connu » !Je précise que ma table était assez loin et que j'avais appris à sourire sans les pattes d'oie !).

Puis restent 10 minutes pour les questions.

J'arrive à regarder ma montre de temps en temps, je ne sais pas en temps réel comment j'arrive à faire ça : je le fais, je me vois en train de le faire, en plus je retiens l'heure que je lis et je me dis en même temps « comment j'arrive à faire ça à un tel moment ; j'y arrive, c'est tout, ça ne s'explique pas.

Les questions : ce que je fais en ce moment, la qualité d'un bibliothécaire (ah bon, y'en a qu'une ?), qu'est ce qu'un bon manager, comment faire pour motiver un magasinier éprimé...Je dois dire ici que j'ai adoré cette dernière question ; d'abord, parce qu'elle a fait sourire les 5 autres membres du jury, que j'ai participé à ce sourire collectif dans une sorte de communion confraternelle et qu'ensuite j'aime bien parler de l'écoute, du dialogue etc).J'ai des questions sur l'évaluation (comment la faire), les indicateurs de performance, sur le budget (comment avoir des sous), qu'est ce que le SCOT ? (parce que je viens de dire que ma préférence allait à un projet de bibliothèque pour mon prochain poste). Sur le Scot, je réponds que c'est une dénomination qui relève du domaine de l'urbanisme. Quelqu'un dit « très bien » puis on me demande d'expliciter les initiales : « service  ? » - « non , schéma.. » et je finis en disant « organisation du territoire »...et là le bip annonce que c'est fini...